Le retard du continent africain inquiète. Au rythme actuel, l’Afrique atteindra son objectif de vaccination contre le Covid-19 de 70% en aout 2024. En effet, le programme Covax, lancé en février 2021 et censé faire bénéficier les pays pauvres d’un accès équitable au vaccin, peine à montrer son efficacité.
Tandis que la propagation du variant Omicron alimente une nouvelle vague de contaminations aux conséquences encore inconnues, l’Afrique est principalement, voire exclusivement, fournie par le programme de solidarité Covax. Il s’agit ici d’une collaboration entre les pays riches pour que les pays les plus pauvres bénéficient d’un accès mondial et équitable aux vaccins contre le Covid-19.
En fin d’année 2021, Covax avait distribué 200 millions de doses, dont la moitié étaient des vaccins AstraZeneca. Jeudi 27 janvier 2022, les Etats-Unis ont annoncé une livraison d’un peu plus de 1.6 millions de doses du vaccin Pfizer contre le Covid à l’Ouganda, via ce mécanisme international : Covax. « Les Etats-Unis seront l’arsenal de vaccins » du monde, a indiqué un responsable de la Maison-Blanche, reprenant une expression chère au président Joe Biden.
La Maison Blanche a insisté sur le fait que ces dons de vaccins étaient faits « sans condition« , sous-entendant que ce n’est pas forcément le cas pour ceux effectués par d’autres, visant explicitement la Chine.
« Nous menons l’effort mondial de vaccination parce que c’est ce qu’il faut faire, à la fois moralement, d’un point de vue sanitaire mondial, et pour notre sécurité collective« , le message du gouvernement Biden est clair et se traduit pas un fort engagement dans le programme Covax. Les Etats-Unis ont promis de faire don au total de plus d’un milliard de doses à des pays pauvres, dont 400 millions ont déjà été expédiées.
L’afflux désordonné de vaccins crée des pertes
A l’échelle du continent africain, le nombre hebdomadaire de doses reçues a augmenté, au cours du mois de décembre 2021, par rapport aux semaines précédentes, passant de 2.5 millions à 20 millions en moyenne. Cependant, cette évolution n’est pas suffisante pour combler le retard accumulé.
S’il est en soi une bonne nouvelle, l’afflux supplémentaire de vaccins est désordonné : ce qui augmente les risques de pertes des doses. Le Nigeria vient ainsi d’annoncer qu’il était sur le point de détruire 1 million de doses arrivées à expiration. Au Sénégal, 400 000 doses sont vouées au même sort. Deux tiers des stocks libérés par les pays du Nord et livrés à l’Afrique en l’espace de deux semaines ont une durée de vie de moins de trois mois.
Cette situation a conduit l’OMS et le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) à publier un communiqué commun, pour demander aux pays donateurs d’avertir au moins un mois à l’avance de leurs projets de don et d’attendre l’acceptation des pays ciblés avant tout envoi. Les autorités sanitaires déplorent aussi que les doses soient fournies sans les seringues ou les diluants indispensables.
L’OMS a commencé à déployer un plan spécial de soutien auprès de la quinzaine de pays les plus en retard dans leur programme de vaccination. La principale cause de ce délai est la difficulté à convaincre la population de se faire vaccinée : « Il est difficile d’expliquer que cette maladie est une réalité à des personnes qui n’en perçoivent pas le danger. » déplore le docteur Thierno Balde, responsable de la réponse au Covid-19 pour l’Afrique
Quoi qu’il en soit, la flambée épidémique provoquée par le variant Omicron sonne pour l’OMS comme un nouvel appel à partager plus équitablement l’accès aux vaccins et unir les efforts pour inciter les gens à se faire vacciner.
Groupe 2 / Coline Poiret