Le gouvernement britannique a convoqué mercredi une réunion d’urgence après l’empoisonnement présumé d’un ex-agent double russe et de sa fille. Une affaire qui a provoqué une réaction vive de Moscou, dont la responsabilité a été mise en cause.
« Cette histoire a dès le début commencé à être utilisée pour doper la campagne antirusse dans les médias », a dénoncé mercredi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d’une conférence de presse. Bien que les services anti-terroristes de Scotland Yard, qui ont pris les commandes de l’enquête, ont affirmé étudier toutes les pistes, le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a pointé du doigt Moscou.
Mardi, devant les députés britanniques, l’ancien maire de Londres a estimé que cette affaire faisait écho à l’empoisonnement au polonium-210 d’Alexandre Litvinenko, un ancien agent des services secrets russes, à Londres en 2010. Une enquête britannique avait mis en cause la responsabilité de Moscou.
« Si l’enquête démontre la responsabilité d’un État, le gouvernement répondra de façon appropriée et ferme », a déclaré Johnson devant les députés, avant de qualifier la Russie de « force néfaste et perturbatrice dans bien des aspects ». Dénonçant des « accusations sans fondement », Zakharova a estimé que « cette histoire va finir comme d’habitude: d’abord, des accusations sans fondement, puis ils garderont leurs secrets et ni les journalistes, ni la population, ni les politiques ne sauront ce qui s’est réellement passé ».
A l’issue de la réunion du comité “Cobra”, qui est convoqué dans les cas d’urgence nationale au Royaume-Uni, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd a appelé à « garder la tête froide ». « Nous en savons plus sur la substance utilisée et la police va faire une déclaration dans l’après-midi », a-t-elle ajouté, estimant que l’enquête « sera longue ».
Quel poison ?
« L’objectif pour l’heure est d’établir ce qui a rendu ces personnes gravement malades », a déclaré peu auparavant Mark Rowley, le chef de la police antiterroriste, qui a lancé un appel à témoins. « La vitesse à laquelle est survenue (l’hospitalisation) suggère que ce n’est probablement pas due à des radiations », a estimé Malcolm Sperrin, professeur de physique médicale au Royal Berkshire hospital. « Certains symptômes décrits laissent penser à un produit chimique, bien qu’on ne puisse pas en être sûr ».
Mercredi, la presse britannique multipliait les hypothèses sur le poison, le tabloïd The Sun avançant la thèse d’un empoisonnement au thallium, quand le Telegraph évoquait la piste de l’agent innervant VX, utilisé lors de l’assassinat du demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong Un en février 2017 en Malaisie. Selon The Times, les enquêteurs vont également se pencher sur les circonstances de la mort de l’épouse de Sergueï Skripal, Liudmila, décédée d’un cancer en 2012, et de son fils Alexandre, mort à Saint-Petersbourg l’an dernier.