En Belgique, depuis 2012, plus de mille personnes ont révélé avoir été victimes d’abus sexuels commis par des prêtres lorsqu’elles étaient mineures. C’est ce que dévoile un rapport présenté ce lundi.
Quatre ans ont permis à plus d’un millier de personnes de signaler les abus sexuels qu’elles ont subi par le passé, lorsqu’elles étaient mineures, au sein de l’Église catholique belge. Le docteur Manu Keirse, président de la Commission interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes, a présenté ce lundi un rapport qui porte sur la période 2012-2015.
Il révèle un total de 1046 victimes : 418 plaintes auprès de l’Église et 628 au centre d’arbitrage, ouvert en décembre 2011 à la demande de la Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels.
Quatre faits sur cinq remontent à plus de trente ans. Selon le rapport, les victimes ont aujourd’hui plus de 40 ans pour 87 % d’entre elles. 41% ont même plus de 60 ans.
La grande majorité des victimes étaient mineures
Parmi les personnes qui ont porté plainte, neuf sur dix avaient moins de 18 ans lorsqu’elles ont été abusées. 23 % d’entre elles n’avaient pas 10 ans. Un quart des faits se seraient déroulés au sein de paroisses, 43 % dans des écoles.
La plupart des victimes sont de sexe masculin :
Quant aux personnes d’Église accusées, 95 % sont des hommes, contre 5 % de femmes. Le rapport indique également qu’il y aurait quasiment autant d’abuseurs que d’abusés, soit près d’un millier.
Jouer sur la transparence
“Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ce qui a eu lieu dans le passé ne se reproduise plus, par des mesures appropriées, une information correcte et une parfaite transparence de ce qui a eu lieu”, a déclaré le docteur Keirse lors de la présentation du rapport. Cette transparence remonte à 2012. Pendant plusieurs mois, de nombreux témoignages d’abus sexuels commis par des hommes d’Église ont fait surface, après l’aveu d’un ancien évêque de Bruges d’avoir abusé ses neveux.
Accusée de rester silencieuse, l’Église catholique belge a créé début 2012 des « points de contact » et s’est alors engagée à indemniser les victimes. 3,9 millions d’euros ont ainsi été accordés à ces personnes par la fondation Dignity, tenue par des évêques belges.
Le rapport du docteur Manu Keirse apporte une nouvelle dimension au tabou de la pédophilie au sein de l’Église catholique, après la nomination aux Oscars du film Spotlight. Le long-métrage retrace l’enquête de journalistes américains, qui ont révélé en 2002 un grand nombre de cas d’abus sexuels pédophiles chez les hommes d’Église.
L. B.