L’ex-secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant est entendu ce mardi par le juge dans l’affaire des sondages de la présidence de la République et des contrats juteux accordés aux conseillers de Nicolas Sarkozy sous son quinquennat.
L’audition de Claude Guéant au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris a démarré vers 10 heures ce mardi. L’ancien secrétaire général de l’Elysee pourrait être mis en examen dans cette enquête ouverte notamment pour favoritisme, comme l’ont été l’ex-directrice de cabinet Emmanuelle Mignon ou d’anciens conseillers élyséens. Le juge peut également décider de le placer sous le statut, plus favorable, de témoin assisté.
Au cœur du dossier des sondages, les contrats passés sans appels d’offres à partir de 2007 avec les sociétés de Patrick Buisson – Publifact, puis Publiopinion – et de Pierre Giacometti, tous deux mis en examen pour recel de favoritisme.
La convention signée par Patrick Buisson avec l’Elysée prévoyait d’une part du conseil rémunéré 10000 € par mois et octroyait d’autre part à Publifact « l’exécution de sondages » à sa liberté d’appréciation et avec les instituts de son choix. Dans un rapport de 2009, qui allait conduire l’association Anticor à porter plainte, la Cour des comptes dénonçait le caractère « exorbitant » de cette convention, l’Elysée n’ayant « ni la maîtrise ni le contrôle » des dépenses.
Le juge cherche à déterminer qui a décidé cette convention signée par Emmanuelle Mignon et Patrick Buisson. Lors de sa garde à vue, Claude Guéant avait assuré ne pas avoir négocié le contrat. De plus, à ses yeux, « l’Elysée n’est pas un ministère mais un pouvoir constitutionnel qui échappe à la règle commune des administrations », donc aux appels d’offres.
Au final, les enquêteurs ont retrouvé trace de 235 sondages achetés par le cabinet de Patrick Buisson et revendus à la présidence entre 2007 et 2009, avec une marge d’environ 1,4 million d’euros, soit entre 65% et 70%. Certains des sondages revendus avaient déjà été diffusés dans la presse.
Claude Guéant a été condamné mi-novembre à deux ans de prison avec sursis et à cinq ans d’interdiction de toute fonction publique dans le procès sur les primes en liquide du ministère de l’Intérieur, alors qu’il dirigeait le cabinet de Nicolas Sarkozy, entre 2002 et 2004. Il a fait appel de cette décision.Il est aussi mis en examen pour faux et blanchiment de fraude fiscale dans l’affaire des soupçons de financement libyen de la campagne Sarkozy en 2007. Il aurait prétexté une vente de tableaux pour expliquer un virement de 500 000 € sur son compte.
J.L