Un rapprochement s’opère entre les dirigeants des deux Corées depuis les Jeux olympiques de Pyeongchang (Corée du Sud). Ils ont annoncé, mardi 6 mars, l’organisation d’un sommet inter-coréen fin avril. Mais de nombreuses questions restent en suspens.
Le conflit opposant la Corée du Nord avec la Corée du Sud pourrait être bientôt entériné. Ou du moins s’apaiser. Depuis plusieurs semaines, les dirigeants des deux pays sont lancés dans une opération de rapprochement. D’abord lors des Jeux olympiques de Pyeongchang (Corée du Sud) : les athlètes nord-coréens et sud-coréens ont défilé ensemble sous le drapeau de l’unification coréenne, lors de la cérémonie d’ouverture. Cela n’était pas arrivé depuis les Jeux olympiques d’hiver de 2006.
Puis, il y a eu la venue au Sud de Kim Yo Jong, la sœur du Kim Jong-Un, durant laquelle elle a transmis une invitation de la part de son frère au président sud-coréen, Moon Jae-In. Il s’agissait de la première visite d’une membre de la dynastie régnante de Pyongyang (Corée du Nord) depuis 1953, date de fin de la guerre de Corée. Ces deux initiatives à forte symbolique ont marqué les esprits. Mais plus encore, c’est l’annonce d’un sommet inter-coréen, organisé fin avril, qui a retenu l’attention.
Un changement de position nord-coréen
En début de semaine et pour la première fois depuis 2007, une délégation de diplomates sud-coréens s’est rendue dans la capitale nord-coréenne pour discuter « sur les façons de poursuivre non seulement le dialogue inter-coréen mais aussi le dialogue entre la Corée du Nord et la communauté internationale », a expliqué Chung Eui-Yong, conseiller du président sud-coréen et en charge de la délégation
À la suite de cette rencontre, les deux Corées se sont mises d’accord pour organiser un sommet inter-coréen dans le village de Panmunjom, situé à la frontière des deux pays. Il s’agira du troisième sommet entre les deux pays : les deux précédents ont eu lieu en 2000 et 2007.
Le climat entre les deux pays s’était tendu une énième fois, en septembre 2017, alors que Kim Jong-Un avait réalisé un essai nucléaire, en dépit des sanctions internationales. Mais le président nord-coréen semble avoir effectué un changement quant à ses positions diplomatiques puisque, pour assurer de sa bonne foi, il a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pendant le dialogue entre les deux pays. Une ligne de communication d’urgence doit également être installée.
Autre promesse nord-coréenne : celle d’aborder avec Washington la question longtemps taboue de sa dénucléarisation. Mais Kim Jong-Un pose une condition. Il a en effet confié lors d’un entretien avec Chung Eui-Yong, le conseiller du président Moon Jae-in, que cela ne peut être envisagé que « si les menaces militaires contre le Nord disparaissent et si la sécurité [du] régime est garantie ».
« Il est trop tôt pour être optimiste »
Si ces annonces laissent entrevoir un avenir plus calme dans la péninsule coréenne, pour le moment rien n’est fait. Le président sud-coréen reste prudent : « Il est trop tôt pour être optimiste » quant à l’offre de la Corée du Nord de discuter avec les États-Unis de sa dénucléarisation, a-t-il confié mercredi 7 mars.
De son côté, le président américain salue les signes d’ouverture nord-coréenne mais reste méfiant. Il souhaite attendre des avancées concrètes. Car pour l’exécutif américain, le régime de Kim Jong-Un « ne tient pas ses promesses » depuis des décennies. Donald trump juge toutefois « sincère » l’offre de dialogue formulée par Pyongyang : « Ce serait bien pour le monde, bien pour la Corée du Nord, bien pour la péninsule, mais nous verrons ce qui va se passer ». Le président des États-Unis a également réagi sur Twitter en affirmant que « le monde regarde et attend ».
Possible progress being made in talks with North Korea. For the first time in many years, a serious effort is being made by all parties concerned. The World is watching and waiting! May be false hope, but the U.S. is ready to go hard in either direction!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 mars 2018
Traduction : « Possible progrès fait dans les discussions avec la Corée du Nord. Pour la première fois depuis des années, un effort sérieux est fait par toutes les parties concernées. Le monde regarde et attend ! C’est peut-être un faux espoir mais les Etats-Unis sont prêts à s’engager dans n’importe quelle direction. »
Même son de cloche du côté de Pékin qui a appelé les deux Corées à « saisir » leur chance après avoir salué « l’issue positive » de la rencontre entre le leader nord-coréen et une délégation sud-coréenne. Le porte-parole chinois, Geng Shuang, a déclaré que « la Chine [était] prête à continuer à jouer son rôle » dans la réconciliation des deux Corées et l’apaisement des relations internationales.
« Les discussions inter-coréennes ne seront pas suffisantes, a estimé Moon Jae-In. Je crois qu’il faut que la Corée du Sud et les États-Unis aient des positions communes [quant à] la dénucléarisation nord-coréenne » pour parvenir à la paix. La délégation sud-coréenne qui était en visite à Pyongyang est attendue ce mercredi à Washington pour rendre compte de son voyage. Cette rencontre laisse espérer une réouverture du dialogue entre la communauté internationale et la Corée du Nord, considérée comme le pays le plus fermé au monde.
Yleanna Robert